Sarah Parth
« Il est le chef, il est aussi le boss (du moins au travail, en privé c’est une autre histoire !) et cela ne me pose aucun problème. »
Il est dans le monde de l’hospitalité une majorité de carrières qui ne sont ni spectaculaires, ni médiatiques, qui ne sont faites ni de grands voyages, ni de coups d’éclat. Des femmes, des hommes qui chaque jour de leur vie ouvrent la porte de leur restaurant, de leur hôtel, et veillent à chaque moment à ce que leurs hôtes vivent la plus belle des expériences.
Tout dans l’enfance de l’autrichienne Sarah Parth la destinait à ce qu’elle est aujourd’hui. Le monde de l’hospitalité elle connaît, sa mère possède une maison d’hôtes à St Anton am Arlberg, station chic et réputée pour être le berceau du ski alpin. Elle l’aide à préparer les petits déjeuners, à faire les chambres avant de partir à l’école. C’est donc naturellement que dès le lycée elle s’oriente vers le tourisme et l’étudie à Bludenz dans le Volarberg. A peine sortie de l’école, elle pousse la porte de l’hôtel Yscla, établissement historique de la vallée voisine pour y occuper le premier emploi de sa vie. Elle a 19 ans, s’appelle encore Sarah Falch et n’a pas d’autre ambition que d’être à l’accueil d’un bel hôtel. Elle ne sait pas qu’elle va y rencontrer son mari, le chef Benjamin Parth, qu’elle y fondera une famille (leur fille Clara est née en 2019), que ce lieu deviendra, sa maison, sa vie.
Décrivez-nous votre environnement ?
Nous sommes à Ischgl au centre des montagnes du Tyrol. Le paysage est magnifique et c’est une destination connue pour le ski en hiver, le hiking en été. L’arrière-grand-mère de Benjamin a fait construire ici en 1927 une maison d’hôtes, la première du village et elle a depuis, toujours appartenu à sa famille. Elle est dans un style typiquement d’Engadine, car nous sommes tout près de la frontière Suisse et beaucoup de visiteurs viennent de cette région. D’où cette influence Engadine dans le style mais aussi dans le nom Yscla qui est l’ancêtre de Ischlg. Notre maison offre 32 chambres et suites, trois restaurants supervisés par Benjamin, dont le gastronomique Stüva.
Quelle a été votre première impression en arrivant chez Yscla ?
D’abord, j’ai constaté qu’il y avait des gens qui y travaillaient depuis longtemps et puis que Benjamin était vraiment jeune, il n’avait que 20 ans, et donc que l’histoire de cette maison allait continuer encore longtemps. Après avoir voyagé à travers le monde pour effectuer plusieurs stages, Il était revenu à l’hôtel un an auparavant pour y prendre le poste de chef. Nous avons commencé à travailler ensemble, nous nous sommes peu à peu rapprochés et voilà… c’est arrivé! C’est à son contact que je me suis intéressée à la gastronomie, parce qu’il faut dire qu’enfant j’étais très difficile et je ne mangeais rien de vert ou de rouge !
Parcours de Sarah Parth :
- 1989 : naissance à Pettneu
- 2008 : diplômée de l’école de tourisme de Bludenz Réceptionniste à l’hôtel Yscla
- 2012 : obtient le certificat sommelière Autriche de la formation WIFI Innsbruck
- 2018 : obtient le diplôme « argent » de l’ASI, (Association de la Sommellerie Internationale)
- 2019 : naissance de sa fille Clara, mariage avec Benjamin Parth
Comment avez-vous progressé au sein de la maison
En fait j’ai dû tout apprendre ! En sortant de mon école j’avais pour but de travailler à la réception d’un hôtel. C’était vraiment ce que je souhaitais faire quand je suis arrivée ici. Mais j’ai réalisé que ne faire que cela était finalement un peu ennuyant. En plus de la réception, j’ai assez vite commencé à faire le service du soir, juste pour apporter les assiettes. En 2012, une personne de l’équipe de service qui m’a beaucoup appris, a décidé de ne pas revenir de son congé de maternité. Je me suis dit qu’il fallait que je saisisse cette opportunité. J’ai alors commencé une formation de sommelière, et obtenu un diplôme autrichien que j’ai complété plus tard par un certificat international. Une autre étape importante fut en 2014 la rénovation du restaurant. Benjamin et moi avons beaucoup échangé avec les architectes et planificateurs, en général, ils ne comprennent pas bien ce qu’est le travail dans un restaurant, ils se préoccupent principalement du confort des convives, du look, mais il y certaines choses dont nous avons besoin pour le service et il faut aussi y penser. C’est alors devenu beaucoup plus facile pour moi d’y travailler
C’est un modèle qui se répète dans le secteur de l’hospitalité et ce dans le monde entier : une affaire dont on hérite, qui s’agrandit et se modernise au fil des générations, avec un couple aux manettes, l’homme en cuisine (et dans les médias), sa femme à l’accueil (et à beaucoup d’autres postes), des parents qui ont passés la main, mais pas tout à fait non plus…une vie dans laquelle le privé et le public ont peu de frontières mais une vie pleine qui se passe toujours en famille.
Racontez-moi votre journée type ?
Je me réveille généralement très tôt, avant 6h, car notre fille Clara est très matinale. Puis Benjamin se lève à son tour, soit il va faire du sport, soit il descend directement au restaurant (nous vivons dans l’hôtel). Puis je descends vérifier que tout est ok pour le petit déjeuner des clients et j’échange de place avec la mère de Benjamin qui souhaite travailler le matin à l’hôtel. Je regarde ce qui se passe à la réception, les check-in, les check-out. Nous essayons de prendre notre déjeuner en famille, ça ne marche pas tous les jours mais nous tentons de nous y tenir.
Après une promenade avec Clara, je descends au bureau, je vérifie les commandes, qu’on ait bien tout ce qu’il faut le lendemain pour le bar et les restaurants (il y en a trois en tout dans l’hôtel). Enfin vers 19h le service du soir commence. J’assure tous les services au Stüva et si nécessaire je fais le tour des autres restaurants. Toujours avec le babyphone en poche ! Les vies professionnelle et familiale sont entremêlées, Il m’arrive d’être à la réception avec ma fille et il est vrai que lorsqu’un client entre ici, il entre aussi dans la vie d’une famille.
Avez-vous l’impression d’être dans l’ombre de Benjamin?
Non. Il est le chef, toute l’attention est portée à lui, à sa cuisine et c’est normal. Ça peut devenir compliqué si les deux veulent être sur le devant de la scène. Il est le chef, il est aussi le boss (du moins au travail, en privé c’est une autre histoire !) et cela ne me pose aucun problème.
Que pensez-vous apporter à ce lieu?
Je pense que mon influence s’est principalement fait sentir quand je me suis engagée dans le service et la sommellerie. Ensuite une autre étape a été franchie en 2019, l’année de naissance de Clara, mais aussi l’année de notre mariage avec une importante rénovation que nous avons effectuée dans quasiment tout l’hôtel. Ce chantier fut celui de Benjamin et moi seulement, ses parents restant un peu au second plan. Ce sont les deux importantes étapes qui m’ont permis de prendre pleinement ma place. J’ai également contribué à la partie vin du livre de cuisine de Benjamin publié fin 2020, et nous avons encore de nombreux projets à réaliser. Notre but est maintenant de faire de cet hôtel l’un des meilleurs d’Autriche, de faire en sorte que les gens y viennent de partout dans le monde.